Les AMPOULES… tout un programme

Une ampoule est une poche de liquide qui se forme entre les 2 couches supérieures de la peau (épiderme et derme). Les causes courantes de formation d’ampoules sont les frottements ou frictions, les brûlures, l’infection ou les brûlures chimiques. La formation de la cloque permet de décoller la couche supérieure de la peau pour protéger et amortir les pressions sur les couches inférieures, ce qui permet aux tissus sous-jacents de guérir plus rapidement.

Pour ce qui nous concerne, nous marcheurs, c’est généralement le frottement d’une partie de la chaussure sur un orteil qui en est la cause. Mais l’ampoule peut se créer entre deux orteils et aussi sur le talon. Ce ne sont donc pas seulement le frottement de la chaussure qui provoque ce phénomène.

En Premier lieu, on comprend vite qu’il nous faut être à l’aise dans nos chaussures et avoir suffisamment d’espace pour éviter ces frottements. Une chaussure serrée qui semble bien maintenir le pied est souvent source de désagrément. Au contraire il faut que vos orteils puissent « jouer du piano » dans les chaussures pour bien aborder la marche. Un pied qui flotte « légèrement » est la garantie que le frottement éventuel sera absorbé par la chaussette. Comme en mécanique, un certain « jeu » est nécessaire pour compenser la dilatation des pieds. Si ce « jeu » n’existe pas ou est insuffisant, il se fera entre l’épiderme et le derme et… une ampoule se formera.

Pensez donc à vérifier qu’avec vos chaussettes ce jeu est suffisant.

Si ce frottement se fait entre des orteils, d’ailleurs favorisé par la moiteur du pied, il nous faudra les protéger de la même manière en créant un espace à l’aide d’une gaze et une bande adhésive, type sparadrap, aérée de préférence et toujours fine.

Le talon est un autre phénomène. J’entends le plat du talon et non la remontée du talon sur la tige de la chaussure qui s’assimile en termes de frottement à une ampoule type orteils.

Le plat du talon donc, comme la face plantaire de l’avant-pied, sont soumis non pas seulement à des frottements, mais surtout à des écrasements : tout notre poids se porte sur ces deux parties, d’autant que notre sac à dos sera chargé. Ces ampoules-là sont plus gênantes et plus difficiles à soigner car souvent les pieds sont «cornés» (peau morte et épaisse) à ces endroits-là. Disons de suite qu’il est nécessaire d’avoir une peau de pied la plus souple possible avant d’entreprendre une longue marche. Un pied corné et « tanné » peut servir si l’on marche pieds nus, mais est un handicap quand on marche avec des chaussures. Donc pédicure un mois avant de partir et crème pour assouplir l’épiderme.

Les chaussures de randonnée sont prévues dans leur conception pour amortir ces micros impacts répétés avec des semelles épaisses en matières type Vibram qui justement absorbent les chocs.

Comment prévenir les ampoules ?

D’abord en respectant l’aisance du pied comme on l’a vu plus haut, puis en utilisant des chaussettes pas trop épaisses pour ne pas compresser le pied. De préférence, utiliser des matières non synthétiques (qui échauffent le pied) en privilégiant les qualités thermorégulatrices et de « respirabilité » comme le propose la laine mérinos.

ENFIN, ne pas attendre 500 m de plus quand vous sentez un échauffement anormal sur un de vos pieds. C’est immédiatement que l’on intervient, car sinon, ce n’est pas une ampoule que vous aurez à soigner mais un « halogène ». Une ampoule prévient toujours, où qu’elle se forme, par une gêne, un picotement, un échauffement. Donc DE SUITE, arrêtez-vous, enlevez chaussures et chaussettes, REFROIDISSEZ en aérant et en massant légèrement l’endroit concerné. Prenez l’habitude, surtout lors d’une longue marche par temps chaud, de faire des haltes courtes, toutes les heures et demie, pour aérer et refroidir vos pieds en les massant un peu. Cela vous évitera pas mal de désagréments.

Comment traiter les ampoules ?

Il y a, dans le monde pèlerin, sûrement presque autant de manières que de pieds qui marchent… alors je ne me lancerai pas dans une énumération exhaustive et je me contenterai de rappeler quelques grands principes de traitements.

Le but d’un traitement est de « guérir » une ampoule c’est-à-dire de reconstituer un épiderme sain et souple.

Selon la taille, l’emplacement, la gêne, la douleur … on peut commencer par percer l’ampoule, ce qui a pour effet de laisser s’écouler le liquide blanc et séreux. En même temps que la pression diminue, la douleur s’apaise. Attention à utiliser une aiguille propre et désinfectée ainsi qu’à désinfecter l’ampoule elle-même. Tout au long d’un traitement il est impératif qu’une ampoule ne s’infecte pas, alors ne laisser pas de fil trainer (en dehors de la nuit dans un lit), c’est une autoroute potentielle à microbes…

La peau morte qui forme la cloche de l’ampoule est un premier pansement. Selon le type et l’emplacement de l’ampoule, on peut garder cette peau morte. Si on protège cette zone, donc une peau morte qui fait déjà office de pansement,  veillez à mettre un pansement le plus fin possible pour ne pas aggraver le cas : c’est en effet un endroit où l’on frotte par manque de « jeu »…

Si la peau morte est partie ou en voie de l’être, on se retrouve alors avec une plaie à vif. En premier, lavez au savon et désinfectez, avec un désinfectant type Chlorhexidine et Hexamidine. Je rappelle que l’Eosine (et  produits similaires) est un « antiseptique asséchant de couleur rouge qui est reconnu pour ses vertus asséchantes, mais en revanche ne possède qu’une faible action antiseptique ».

Selon la technique utilisée, à ce moment-là, on se dirigera soit vers un assèchement de la plaie (style croûte) soit vers une reconstitution  de l’épiderme (souple) avec les pansements hydrocolloïdes. Contrairement à ce que pratique un bon nombre de pèlerins, les fameux « Compeed » sont dans cette catégorie et s’utilisent sur une plaie à vif. Sur une peau morte ils ne servent quasiment à rien. D’autant qu’ils sont souvent épais et risque de renforcer l’effet « manque de place ». Des plaques fines de pansement hydrocolloïdes sont disponibles et très pratiques à utiliser car on peut découper le format souhaité et cela reste fin. Ce pansement colle sur la peau autour de la plaie mais ne colle pas sur la plaie. Il est fait pour maintenir une ambiance humide, de manière à ce que l’épiderme se reconstitue en souplesse. Les premiers signes de reconstitution sont une apparence blanche, signe d'une bonne vascularisation qui permet la migration et l'implantation des fibroblastes.

Pour que ce pansement ne colle pas aux chaussettes et pour que vous n’arrachiez pas tout en enlevant les chaussettes, il faut protéger ce pansement avec un ruban adhésif type sparadrap.

Ces pansements peuvent rester en place 4 ou 5 jours, surveillez quand même qu’une infection ne se manifeste pas : gonflement, rougeur, douleur autour, pus…)

Pour finir rappelons que la meilleure manière de traiter une ampoule c’est de ne pas en avoir.

Serge de La Casa del trel à Cahors

Créateur de Caminoloc