AVANT D’ACHETER DES CHAUSSURES DE RANDONNÉE

(CAMINOLOC.COM)

S’il paraît facile de donner des conseils, il l’est beaucoup moins de dispenser de BONS conseils, c’est-à-dire judicieux… 

L’expérience personnelle est certes indéniable mais elle ne peut en aucun cas être érigée en vérité absolue et universelle… nous n’avons pas les mêmes pieds, pas le même poids et pas la même manière de marcher… donc ce qui est vrai pour moi ne l’est pas forcément pour toi…

Notre expertise est bien sûr bâtie sur notre propre expérience, beaucoup de chemins accomplis, mais bien plus sur le vécu statistique des pèlerins que nous avons vu passer au cours de ces dix dernières années à la boutique, mais surtout au gîte : 2000 /an.

1) De bonnes semelles épaisses avant tout

C’est d’abord la semelle qui fera la bonne chaussure de marche pour LE CHEMIN. En effet la particularité du chemin est que les étapes de 20, 25 ou 30 km s’enchaînent jour après jour. A la différence d’une randonnée d’une ou deux journées, souvent sur des sentiers sympas mais pas très exigeants en terme de pieds, sinon en dénivelé et en effort physique. Sur LE CHEMIN, pas de très grosses montées, exception faite au départ du Puy ou pour accéder à Roncevaux, et plus tard à l’approche de O Cebreiro pour ce qui est du Camino Francés. Le Camino del Norte est plus physique, surtout si on emprunte le Primitivo, et le splendide Mozárabe est pourvu de belles grimpettes. Sur le Chemin… des cailloux, du bitume, des montées, des descentes, des rythmes de marche très changeants, et ce, tous les jours, 10 jours, 20 jours… Et plus…

Le pied est extrêmement sollicité. Si la semelle est trop légère, on va vite le ressentir et cela tournera à la torture de sentir les cailloux sur une plante de pied endolorie…

2) Une taille et demie en plus…

À ce régime, en marchant tous les jours autant de kilomètres, le pied va rapidement s’allonger et s’élargir. C’est surprenant, mais c’est la différence aussi avec une randonnée ponctuelle, d’autant que là, on a le poids du sac en plus sur les épaules. Donc, sur les pieds.

La bonne mesure quand on essaye des chaussures est de faire glisser son pied jusqu’à toucher avec l’orteil le fond de la chaussure : à ce moment, il faut pouvoir passer sans forcer (de trop) son index entre son talon et la chaussure. Cela correspond environ à une taille et demie. Une taille = de 0.5 à 0.7 millimètre, selon la chaussure et le fabricant… en fait ce n’est pas beaucoup, et il vaut toujours mieux avoir des chaussures plus grandes que plus petites…

3) Éviter les chaussures trop souples

Du type « running » : celles-ci sont faites avant tout pour courir et pas pour marcher, ce n’est pas le même exercice et donc pas la même technologie qui est mise en œuvre. Bien sûr c’est tentant une chaussure hyper légère… mais il faudrait pouvoir les tester non pas en boutique sur de la moquette mais sur 20 km de chemin empierré… Il y a des pèlerins à qui cela convient… mais statistiquement c’est l’origine du plus grand nombre de problèmes. D’autant que la semelle va vite s’user et que la qualité première de ce type de chaussures n’est pas le maintien du pied, donc on a tendance à lacer plus serré… le pied est vite compressé, à l’inverse de ce dont on a besoin… : d’aisance ! Il faudrait que nos orteils dans la chaussure puissent jouer du piano…

Beaucoup de chaussures de marche sont renforcées et possèdent une armature interne au niveau du creux de la voûte plantaire pour que le pied soit moins sollicité en souplesse et en torsion, à l’inverse d’une chaussure faite pour courir.

4) Basses ou montantes ?

En fait ce n’est pas une chaussure montante qui vous évitera de vous tordre une cheville. Ni une chaussure basse, à priori plus légère, qui vous évitera une tendinite…

Le montant de la chaussure est d’abord fait pour protéger les malléoles de chocs éventuels.

Choisissez le type de chaussures dans lequel vous vous sentez le plus à l’aise… le choix se fait plus dans la tête que dans les pieds…

Ceci dit une chaussure montante vous procurera une sensation de maintien de pied supérieure, et c’est normal car le pied est plus enveloppé. A l’inverse une chaussure basse vous donnera une impression de plus grande légèreté et de meilleure aération… c’est aussi logique.

Ce à quoi il faut veiller :

- Pour une chaussure basse : que le talon soit maintenu et ne sorte pas trop à chaque pas (le talon est moins envoûtant que sur une chaussure haute). Que le talon glisse légèrement… c’est normal… puisque la semelle de la chaussure n’est pas excessivement souple. C’est comme en mécanique … il faut un certain jeu… disons que pour nous pèlerins… c’est de la Tolérance…

- Pour une chaussure montante : que le montant de la chaussure n’entrave pas la souplesse de la cheville au moment du déroulé du pied… pour donner une image : il ne faut pas se retrouver à marcher avec des chaussures de ski…Donc, ne pas lacer fort la partie haute de la chaussure (à part en descente scabreuse et ne pas oublier de relâcher après).

À Noter qu’il existe ce que l’on appelle des « MID »(moyenne) c’est-à-dire des semi-montantes. Les chaussures les plus utilisées sur le Chemin.

En cas de chemin automnal ou hivernal, une vraie chaussure montante est appréciable au vue des intempéries prévisibles : le pied plus sec, et surtout plus approprié au port de guêtres…

5) Longueur et Largeur du pied

S’il est facile de connaître sa taille de chaussures, la transformer en Cm… est un peu plus complexe… et ce qui nous intéresse est l’exercice inverse : transformer la longueur de pieds exprimée en Cm, en taille de pointure…

En France, la pointure correspond à 3/2 de la longueur du pied exprimée en centimètres, à laquelle on a au préalable ajouté un centimètre. Ainsi, à une valeur de 29,3 cm de longueur de pied correspond une pointure de 45. Vous choisirez donc des chaussures de ville en 46 et des chaussures de marche en 46,5 ou 47.

Pour procéder à cette mesure le plus simple est de dérouler un cm au sol, de poser un pied sur le cm, se mettre sur un pied, celui qui est sur le Cm… et de positionner deux livres par terre sur le cm, un à chaque bout du pied, talon et orteil. Noter les deux mesures et faire la soustraction… recommencer trois fois et faites la moyenne…

Bien des pèlerins ignorent que les fabricants de chaussures (pas tous) proposent différentes largeurs de pied pour leurs modèles (pas tous). Beaucoup de revendeurs (non spécialisés) ne s’embêtent pas non plus à stocker en plus des tailles, des largeurs de pied. Le résultat est que ces pèlerin(e)s ont tendance à choisir des tailles plus grandes pour compenser leur largeur de pied. Il en résulte des chaussures pas adaptées et des problèmes en cours de marche.

Pour mesurer sa largeur de pied, procéder comme pour la longueur mais cette fois ci pour la largeur.

Si votre largeur de pied avoisine les 40% de votre longueur (de façon approximative)… vous avez un pied large. À partir de 38%... penchez-vous sur le problème et essayer des chaussures larges.

6) Les semelles intérieures

Les chaussures neuves sont équipées de semelles intérieures d’origine. Celles-ci ont comme fonction principale la finition de la chaussure: ne pas voir les coutures et collage…

Elles peuvent dans certains cas avoir une vocation hygiénique et souvent améliorer le confort du pied.

Cependant, elles s’aplatissent rapidement et l’essentiel de l’amorti est issu de la chaussure elle-même, de sa structure interne provenant de sa conception et de sa fabrication.

Souvent, on peut améliorer le confort du pied en changeant dès l’achat cette semelle intérieure. Deux types de semelles sont disponibles, les deux auront, grâce à leur armature, la vocation à garder le talon recentré, donc le genou dans l’axe afin d’éviter les soucis même jusqu’au bassin.


- La semelle amortissante type « SORBOTHANE »

Une coque qui maintient le talon recentré, le genou dans l’axe, grâce au soutien de la voûte plantaire. Sur les parties portantes, (talon postérieur, talon antérieur, avant-pied) une matière amortissante, le « sorbothane » qui ne se s’aplatit pas avec le temps. La fonction de cette matière est de diffuser la pression en la répartissant sur l’ensemble de la surface afin de limiter l’effet d’impact et de vibration à chaque pas. Son but est de prévenir les phénomènes tels que tendinite, écrasement, blessure du fascia plantaire.

Très appréciable sur les parties bitumineuses du chemin…

Étant plus épaisse que des semelles d’origine, prévoir ½ pointure en plus pour la chaussure.


- La semelle biomécanique type « SUPERFEET »

Issue du domaine de l’orthopédie, son objectif principal est de repositionner le pied pour répartir les charges correctement, ce, grâce à sa coque et au dessin de sa voûte plantaire. L’impression donnée est d’être hors charge, un peu en arrière ce qui améliore sensiblement le confort de marche en faisant gagner de l’espace au niveau des orteils.

Le modèle « BLUE » n’étant pas très épais, en principe, pas besoin de taille supplémentaire pour la chaussure lors du remplacement de la semelle d’origine.

7) Le Laçage

Les chaussures de marche, de par leur structure, n’ont pas besoin d’un laçage extrême. Au contraire il faut toujours veiller à ne pas avoir le pied comprimé. La chaussure est prévue pour le maintien du pied, un peu comme une coque protectrice.

Pour les chaussures montantes, surtout évitez de serrer la partie haute, ce qui limite l’amplitude du coup de pied lors de la marche et sera à l’origine de nombreuses tendinites. Ne serrer cette partie que lors d’une descente périlleuse, sans oublier de relâcher le laçage la descente finie.

8) Le poids des chaussures

Souvent vous remarquerez que sur les sites de chaussures de randonnées le poids est exprimé par paire de chaussures alors que pour le running c’est à l’unité, à la chaussure…

La raison se trouve dans la différence entre la course et la marche, entre minutes et heures…

Si vous êtes un athlète très performant et très entraîné, qui courre pour gagner encore quelques minutes sur votre record, vous serez peut être à la recherche d’un gain de 50 ou 100 g pour vos chaussures. Mais, athlète performant, vous conseillerez à un néophyte ou un coureur occasionnel de privilégier le confort et la stabilité du pied malgré 100 g de plus à chaque pied, sachant que plus une chaussure est légère, plus elle s’usera vite et moins l’amorti, la robustesse et le confort seront présents.

Pour nous sur le Chemin, le calcul qui consistera à multiplier des grammes par un nombre de pas pour en arriver à totaliser des tonnes est une « arnaque intellectuelle »… Une chaussure « Mid » de randonnée normale pèse aux alentours de 1100 g/ paire, une « trail » basse aux alentours de 700 g/ paire soit 400g/ paire de différence…ou 200 g à chaque pied… alors si vous cherchez à vous alléger, voyez plus du côté de ce qu’il y a dans votre sac à dos… plutôt que de mettre vos pieds en péril.

Ceci dit, regarder et comparer le poids et la qualité des chaussures que vous choisirez.

9) Conseils de marche

- Surtout en été, enlevez vos chaussures et chaussettes toutes les heures, heures et demi maxi, 5 minutes pas plus, pour aérer vos pieds. Conseil pour le Chemin car la randonnée sollicite moins les pieds. Contrairement à ce que certains pensent encore (idée toute faite), votre pied se revascularise et dégonfle. Vous pourrez remettre vos chaussure sans souci… vous éviterez des éventuels problèmes d’ampoules.

- N’attendez pas quand une sensation d’échauffement ou une gêne quelconque se fait sentir : enlevez vos chaussures et massez… Si vous attendez, ce n’est pas une ampoule que vous aurez à l’arrivée au gîte … mais un halogène…

10) Les idées toutes faites

- La chaussure haute évite de se tordre les chevilles…

La partie haute de la chaussure est faite essentiellement pour protéger les malléoles de chocs éventuels, elle assure une meilleure protection contre le froid et l’humidité dans des conditions plus hivernales. Ceci dit, la chaussure haute offre un meilleur confort de marche car plus enveloppante, pied et cheville sont quand même mieux maintenus.

- Faut-il casser les chaussures pour les faire à son pied ?
Non, c’était vrai pour les anciennes chaussures avec des cuirs très épais et peu souples. Avec les cuirs modernes, si vous avez la bonne chaussure à la bonne taille, vous pouvez y aller… nous équipons des pèlerins en cours de Chemin qui changent de chaussures… ils arrivent à Santiago sans problème. Ceci dit, c’est mieux si vous vous entraînez un peu avant…

- Mettre du papier journal dans les chaussures pour les sécher ?
OUI, mais… le papier journal absorbe facilement l’humidité, cependant si vous le laissez tout le temps dans vos chaussures il maintiendra l’humidité… alors après une heure ou deux, changez une première fois le papier journal. Ensuite, laissez vos chaussures vides, car elles sont souvent en Gore Tex, et sont prévues pour être aérées et donc se sécher d’elles-mêmes, l’air y circulant.

Une vidéo pour accompagner cette présentation :